Christologie

Les grandes dates christiques à travers l'Art

Paul

(Tarse vers 3 – Rome vers 66)

L’apôtre des Gentils

Sans doute le personnage essentiel, après Jésus, pour l’histoire de la pensée, de la doctrine et de la mission chrétiennes.

Fête: 29 juin. Patron des fabricants de tentes et des bourreliers,il est invoqué contre les serpents venimeux.paul2

Né dans une famille juive dans la province romaine de Cilicie (aujourd’hui la Turquie), Saul de Tarse appliquait la loi juive avec ferveur. À quatorze ans, pharisien authentique, il fit des études auprès du célèbre rabbin Gamaliel à Jérusalem et, selon la tradition rabbinique qui veut que l’étude de la loi soit associée à l’apprentissage d’un métier, il apprit à fabriquer des tentes. Bien que sa langue maternelle ait été l’araméen et qu’il ait suivi des études fort poussées en hébreu, sa naissance à Tarse lui donnait automatiquement le statut de citoyen romain. Ajoutons qu’il parlait le grec couramment. Autant d’atouts le préparaient merveilleusement à être l’apôtre des Gentils. On associe habituellement à sa conversion son changement de nom, celui-ci passant de Saul au grec Paul, mais il est peut-être tout simplement un reste de son enfance romaine.

La conversion

Pharisien scrupuleux, Paul s’engagea très vite à persécuter l’Église chrétienne. Il était soucieux de l’application la plus stricte de la loi juive et voyait cette nouvelle secte s’en moquer ; il fut témoin passif, mais complice, lors de la lapidation d’Étienne, le premier martyr chrétien. Sa conversion eut lieu au cours d’un voyage de Jérusalem à Damas. Il était déterminé à continuer la persécution de la nouvelle Église, quand il eut une vision du Christ lui disant ces mots célèbres : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Cette révélation semble aussi être liée à sa conviction d’être désormais chargé de porter la parole de Jésus aux Gentils.

Caravage

Caravage

Après sa conversion, Paul resta trois ans en Arabie dans la prière et la solitude. Puis il revint à Damas pour prêcher. L’opposition contre lui devint si violente qu’il fut obligé de s’enfuir à Jérusalem. Pour quitter la ville, il dut monter sur les murailles et être descendu dans un panier au-delà des fortifications. À Jérusalem, il rencontra Pierre, Jacques et les autres apôtres qui se méfiaient de lui. Mais ils furent convaincus par Barnabé de la sincérité de Paul. Il prêcha aussi à Jérusalem et souleva de grandes controverses. Finalement, il retourna à Tarse, y resta quelques années et n’en sortit que lorsque Barnabé l’introduisit dans la communauté d’Antioche.

L’homme et sa mission

C’est à partir d’Antioche que Paul allait entreprendre ses trois célèbres voyages missionnaires qui furent à l’origine de la diffusion du christianisme dans le monde entier. Lors de son premier voyage (vers 45-49) pour Chypre et les différentes villes de Galatie (aujourd’hui la Turquie), Paul développa la formule qui allait caractériser son travail missionnaire: il prêchait dans les centres de commerce et de culture en s’adressant d’abord aux Juifs. Puis quand ils le rejetaient, il allait porter son message aux Gentils. Il créa ainsi les premières Églises non juives d’Asie Mineure et plus tard d’Europe.

Après ce premier voyage, Paul entra en conflit avec les chrétiens d’origine juive de Jérusalem, et plus particulièrement Pierre, sur les conditions à imposer aux païens convertis. Paul affirmait que la loi avait été supplantée par le sacrifice du Christ et qu’en conséquence il n’était pas raisonnable d’imposer la loi juive, et particulièrement cet ancien signe de l’alliance qu’était la circoncision, aux nouveaux convertis, non juifs. Cette querelle atteignit son paroxysme lors du premier concile des apôtres, qui se tint à Jérusalem vers 50. Paul emporta la conviction de tous, mais il reconnut, par une sorte de compromis, l’autorité de l’Église de Jérusalem et jura de venir à son aide en obtenant le secours financier des nouvelles communautés d’origine païenne.

Durant son second voyage missionnaire, vers 51-54, c’est un songe qui conduisit Paul d’Asie Mineure vers la ville militaire et commerciale de Philippes on ii fonda la première communauté chrétienne d’Europe. Paul et Silas, son compagnon, y furent emprisonnés par les autorités, puis relâchés miraculeusement; ii durent faire face a bien d’autres persécutions en Thessalonique et en Bérée. Finalement ils durent partir pour Athènes o6 Paul prononça son célèbre discours sur . le Dieu inconnu II passa ensuite un an et demi dans la capitale provinciale de Corinthe, ville cosmopolite très vivante et renommée pour sa corruption. 11 y demeura et subvint a ses besoins en travaillant chez les fabricants de tentes Aquila et Priscille. II y créa une importante communauté de chrétiens malgré la forte opposition des Juifs. II visita Ephèse, apporta l’argent récolté a Jérusalem et revint a Antioche.

Son troisième voyage fut une tournée d’inspection des Eglises fondées en Asie Mineure. II commen9a en 53 avec un séjour de deux ans a Ephèse. Sa prédication s’opposait au culte traditionnel de Diane et donc au commerce particulièrement lucratif des statuettes de la déesse, aussi provoqua-t-il une émeute des orfèvres de la ville. Paul partit donc pour Jérusalem en passant par l’Achaïe, la Macédoine et Milet. L’hostilité des Juifs à son encontre y atteignit un tel point que les Romains, pour le protéger, l’emprisonnèrent et l’envoyèrent secrètement a Césarée chez le gouverneur Félix en 58. II attendit son jugement pendant deux ans, jusqu’à ce que Festus succédât a Félix. Puis craignant d’être juge par une cour juive, Paul décida d’utiliser ses droits de citoyen romain et demanda a être jugé par l’empereur.

Le voyage a Rome

Les Actes des Apôtres racontent le voyage de Paul, qui eut lieu vers 61. Ce fut une véritable aventure. Des vents contraires retardèrent son bateau, une tempête faillit le faire couler, il échoua finalement sur les cotes de Pile de Malte. A cet endroit, Paul fut mordu par une vipère et, a la stupéfaction des habitants de l’île, il arracha le serpent et le venin ne lui fit aucun effet (on se demande si cet épisode spectaculaire n’a pas été ajouté par des copistes — en tout état de cause, de nombreux chercheurs doutent qu’il soit de saint Luc). En arrivant a Rome, Paul fut garde dans une maison, apparemment assez confortable il pouvait librement recevoir des visiteurs et écrire des lettres. Les Actes terminent ici leur récit. II y a quelques désaccords au sujet des événements qui suivirent. Paul a pu être condamné et exécute peu de temps après. Mais il semble possible aussi qu’après deux ans de captivité, ii fut acquitté et qu’il partit pour Ephèse et même pour l’Espagne (c’est cc que dit Clément de Rome quelque trente ans après la mort de Paul) avant d’être capture de nouveau et exécute durant les persécutions de Néron.

Les compagnons de Paul

Au cours de ses voyages Paul a le plus souvent été ac­compagné de Bar­nabé et de Jean Marc ; il cite comme des amis tits chers Aquila et Priscille chez qui il a travaillé a la fabrication des tentes ; Apollos, dis­ciple de Jean qui lui a prepare le terrain Silas ou Sylvain avec qui il a fait son second voyage ; Epaphras qui continua son ac­tion a Ephese ; Tite, son collaborateur Corinthe, et Timothée.

Sa mortminiature-stpierre-stpaul

De toute manière, d’après une tradition forte et plausible, Paul aurait été décapité (c’est pour cela qu’il est représenté en littérature par une épée et un livre représentant ses écrits). Son martyre aurait eu lieu sur la route du port d’Ostie a l’endroit devenu célèbre sous le nom de Trois Fontaines Son corps est maintenant

la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs. On dit parfois qu’il fut martyrise a la même date que Pierre, mais c’est sans doute parce qu’ils partagent, en tant que cofondateurs de l’Eglise, le même jour de fête, le 29 juin.

Son influence

Les Epitres de Paul, dont la plupart ont été écrites pendant sa captivité pour encourager les jeunes communautés qu’il avait fondées et pour assurer l’unité doctrinale de l’Eglise, sont les plus anciens documents chrétiens connus. Elles constituent la plus grande partie du Nouveau Testament, a côté des Evangiles et de l’Apocalypse. Les chercheurs contestent sans doute sa paternité pour certaines Epitres, particulièrement l’Epitre aux Hébreux, mais l’Epitre aux Galates, l’Epitre aux Romains et les deux Epitres aux Corinthiens sont considérées par tous les spécialistes comme authentiques. Elles attestent l’originalité de la pensée de saint Paul et sont les bases de la foi de l’Eglise.

L’énergie évangélique de Paul et la conviction que manifestait sa prédication furent essentielles a la fondation de l’Eglise en Asie Mineure, en Europe et a travers le monde. Mais l’importance de son impact ne fut vraiment mesurable que longtemps après sa mort. La doctrine et la façon de voir qu’il a exprimées dan ses Epitres ont influencé toutes les générations de penseurs chrétiens depuis le 1er siècle jusqu’à aujourd’hui. Sa force morale dans les plus grandes difficultés et sa constance face aux pires souffrances furent un exemple pour tous les chrétiens opprimés.

Œuvres artistiques

Sa conversion exceptionnelle a inspiré nombre d’artistes tels que Michel-Ange, la Caravage et Bruegel l’Ancien, et elle a inspiré de grandes oeuvres musicales, dont l’oratorio Paulus de Mendelssohn.

Nous trouvons au palais du Vatican Saint Paul prêchant à Athènes de Raphael, au Louvre le Ravissement de saint Paul par Nicolas Poussin et Saint Paul prêchant à Éphèse d’Eustache Le Sueur, Saint Paul piqué par une vipère de Martin De Vos, le Ravissement par le Dominiquin puis un Blanchard, un Guerchin, un Gaudenzio Ferrari, un Pérugin aux Offices de Florence, le Martyre de saint Paul par Schauffelein au musée de Marseille, la Lapidation de Paul à Lystre par Philippe de Champaigne, etc.